04/07/2024
En 2020, Dan Docherty m’a demandé de me présenter, pour compléter la liste des instructeurs certifiés du Practical Tai Chi Chuan / Wudang Tai Chi.
Le principe étant de solliciter deux instructeurs à chaque fois, et de leur poser 5 questions, toujours les mêmes. Malheureusement, les évènements de 2020 et de 2021 n’ont pas permis la publication de cette présentation, ni celle de mon collègue, Michel B.
La voici, en version originale, puis ci-après en français.
Les questions sont :
1. How (and when) did you start?/Comment (et quand) as-tu commencé ?
2. Why Practical Tai Chi Chuan?/Pourquoi Practical Tai Chi Chi Chuan ?
3. What is your favourite technique - and why? (in 50 words)/Quelle est ta technique favorite et pourquoi (en 50 mots) ?
4. One piece of advice or knowledge you would like to give to fellow practitioners:/Un conseil ou un savoir que tu aimerais donner à d’autres pratiquants :
5. How do you train now?/Comment t’entraines-tu à présent ?
1. How (and when) did you start?
In the early 2000, south France, almost by chance. I started training after a trip to China with my teacher to come, who was guiding there a group of trainees. We were on « Zhang San Feng's tracks ». The taoist sacred mountains were the journey's heart, like Mounts Song where we passed by a Shaolin monastery, attended by boys, and Yongtai's monastery not far from there, attended by girls.
Exploring Mounts Hua was a revelation to me. Of course we ended up at Mounts Wudang. This experience left an imprint on me and changed the course of events to come. From that time I started to study.
2. Why Practical Tai Chi Chuan?
I used to tell students that someone looking for water doesn't scratch the ground's surface while keeping on changing place because no water was found or the ground was too hard. This can be a good method if you want to die of thirst. When you know you found the right place, you dig, deeper and deeper. This is the only way to find any, whatever the difficulties.
There are numerous Tai Chi schools by now. The one I was studying at felt different to me; I had the feeling something sincere, and profound reigned there.The future showed this route revealed itself pretty unsatisfying for me. On my own, I tried to keep on digging, with mere success. I then got in touch with Ladan Niayesh who helped me out and introduced me to Dan Docherty. Thanks to him, I found a way to recharge and dig again. Water! At last!
What we have there, with Practical Tai Chi Chuan, is an ocean to explore. It is very stimulating : the extremely vast corpus, with the precious and staple Nei Gong, research on martial arts and Chinese culture, the seriousness in the training together with this mix of good temper and presence during the seminars and lessons I attended, the instructor's human qualities... From the martial arts point of view, there are so many things to do: when you believe you understood one of the five aspects, and lifted a corner, you'll always have the other four to visit or revisit. Practical Tai Chi Chuan is a perpetual source to the one who has a thirst to learn and progress.
3. What is your favourite technique - and why? (in 50 words)
A lot of techniques appeal to me. Particularly the multiple variations around « The Tiger embraces the head », mentioned in the 32nd technique of General Qi Jiguan's Classic Internal Boxing. With the sword, the « Yellow Dragon » is one I really appreciate: for its totemic representation, this centrifugal and dynamic force for one part, and on the other part for its mirrored practising, sword in left and right hand.
4. One piece of advice or knowledge you would like to give to fellow practitioners:
I'd have several! But the one that comes to my mind and reflects the present moment is: 拔苗助⻓ (Bá miáo zhù zhǎng) from Master Meng (Mencius), who would have studied with Master Kong's grand son (Confucius). Literally, it means "pull on the sprouts to make them grow faster ». Whatever your level in practising, every one of us is different. Each experience is unique. Important is to get forward, and not stop. Some learn slowly, others learn faster. Some come to enhance their proprioception and get old in good conditions. Others come for martial practising, for Practical Tai Chi Chuan. Everyone has his or her own path, with the respect of all, no one is left behind, and things are done in a good mood.
5. How do you train now?
I train every day: wether it be to improve my techniques, or to develop educational tools for my weekly classes, or for specific workshops. To improve learning, autonomy and understanding, I propose different and active pedagogies, wishing students to commit themselves in this logic.
For my personal practising, I focus on Nei Gong, weapon's forms, and ambidextrous practising. To complete my training, I study Chinese culture, history, language and cooking, in order to pervade myself of the legends, tales and historical facts we encounter in Practical Tai chi Chuan's corpus.
1. Comment et quand as-tu commencé ?
Au début du millénaire dans le sud de la France, presque par hasard. J’ai commencé la pratique suite à un voyage en Chine avec mon futur enseignant qui y amenait un groupe de pratiquants. Nous étions sur les « traces de Zhang San Feng ». Les montagnes sacrées taoïstes étaient au cœur du voyage, ainsi que Les Monts Song, avec un passage par le monastère Shaolin, où étudient les garçons et et celui de Yongtai non loin, dédié aux filles. L’exploration des Monts Hua fut pour moi une révélation. Bien entendu, nous terminâmes aux Monts Wudang.
Cela fut une expérience qui me marqua et transforma le cours des évènements futurs. Dès lors, je me suis mis à l’étude.
2. Pourquoi Practical Tai Chi Chuan ?
J’avais l’habitude de dire aux élèves qu’une personne qui cherche de l’eau ne se contente pas de gratter la surface du sol en changeant d’endroit tout le temps sous le prétexte qu’il n’en trouve pas ou que le sol est trop dur. Excepté s’il veut mourir de soif, cela peut se révéler être une bonne méthode. Quand on est certain de l’endroit, on creuse, de plus en plus profond. C’est la seule manière d’en trouver. Qu’importent les difficultés.
Il y a beaucoup d’écoles de Tai Chi maintenant. Celle où j’étais auparavant me paraissait différente ; une sincérité, une profondeur semblaient régner. L’avenir a montré que ce chemin s’est avéré pour moi insatisfaisant.
Seul, j’ai tenté de creuser, sans succès. J’ai alors contacté Ladan Niayesh qui m’a aidé et présenté à Dan Docherty. Grâce à lui, j’ai trouvé de quoi me ressourcer et j’ai pu continuer à creuser. Enfin de l’eau !
Nous avons là, dans le Practical Tai Chi Chuan un océan à parcourir. C’est très stimulant : le corpus extrêmement vaste dont l’incontournable et précieux Nei Gong, les recherches sur l’art martial et la culture chinoise, le sérieux dans la pratique et ce mélange de bonne humeur et d’assiduité durant les séminaires et cours auxquels j’ai pu participer, les qualités des instructeurs, notamment humaines. D’un point de vue martial, il y a tellement à faire : quand on pense en avoir compris l’un des cinq aspects, et soulevé un coin, il restera encore et toujours les quatre autres à visiter ou revisiter. Practical Tai Chi Chuan est une source intarissable, pour qui a soif d’apprendre et envie de progresser.
3. Quelle est ta technique favorite - et pourquoi ? (en 50 mots)
Beaucoup de techniques me parlent. Notamment les variations multiples autour du « Tigre Embrasse la tête », évoquée dans la 32e technique du Classique de la Boxe Interne du Général Qi Jiguan. A l’épée, le « Dragon Jaune » en est une que j’aime particulièrement : pour sa représentation totémique, cette force centrifuge et dynamique d’une part et d’autre part parce qu’elle se pratique en miroir dans la forme, épée en main gauche et droite.
4. Un conseil ou un savoir que tu aimerais donner à d’autres pratiquants :
J’en aurais plusieurs ! Mais celle qui me vient à l’esprit et reflète le moment présent, c’est : 拔苗助⻓ (Bá miáo zhù zhǎng) de Maître Meng (Mencius), qui aurait étudié avec le petit-fils de Maître Kong (Confucius). Littéralement, cela veut dire ‘tirer sur les pousses pour les faire grandir plus vite’.
Quelque soit le niveau de pratique, chacun de nous est différent. Chaque expérience est unique. L’important, c’est d’avancer, sans s’arrêter. Certains apprennent lentement, d’autres assimilent plus vite. Certains viennent pour socialiser, améliorer leur proprioception et vieillir dans de bonnes conditions. D’autres viennent pour la pratique martiale, pour le Practical Tai Chi Chuan. A chacun son cheminement, dans le respect de tous, sans laisser tomber quiconque, et dans la bonne humeur.
5. Comment t'entraînes-tu à présent ?
Je m’entraine presque tous les jours : soit pour améliorer mes techniques, soit pour développer des outils pédagogiques pour les cours hebdomadaires, ou pour des ateliers spécifiques. Afin d’améliorer l’apprentissage et leur permettre d’acquérir une meilleure autonomie et compréhension, je propose des pédagogies différenciées et actives, en souhaitant que les élèves s’investissent pleinement dans cette logique.
Pour ma pratique personnelle, je mets l’accent sur le Nei Gong, les formes des armes, et la pratique ambidextre.
Pour compléter mon entrainement, j’étudie la culture, l’histoire et la langue chinoise, afin de m’imprégner au mieux des légendes, des contes et des faits historiques qu’on retrouve notamment dans le corpus du Practical Tai chi Chuan.
Dragon Jaune se Tournant à Droite
黄龙右转 - Yellow Dragon Turning Right - Dragon Jaune se Tournant à Droite